Qu’est-ce que le radon?
Notre écorce terrestre contient en plus ou moins grande quantité de l’Uranium 238, qui est un élément naturellement radioactif.
L’uranium 238 a un noyau atomique très lourd et instable, et se transmute par fission, autrement dit il se “casse” pour donner des atomes plus légers, qui sont eux-mêmes radioactifs et sont soumis au même phénomène.
Ce processus de fission “en chaîne” s’arrête dès que la transmutation aboutit à un noyau stable, en l’occurrence le plomb 206 :
Dans cette chaîne de fission, le radon a ceci de particulier qu’il est gazeux. Incolore et inodore, il peut se retrouver dans l’air, mais aussi dissous dans l’eau.
En quoi est-il dangereux?
Le radon est un émetteur “alpha”. En se désintégrant, il émet une particule alpha constituée de deux protons et deux neutrons.
Il s’agit d’une particule de grosse taille, qui est arrêtée par la peau, donc aucun risque d’irradiation externe. Par contre, le risque est l’inhalation du radon, car dans les poumons (ou l’estomac si dilué dans l’eau) cette particule alpha peut faire de gros dégâts !
Le radon a une demi vie de 3,8 jours (cela signifie que la population de radon se réduit de moitié tous les 4 jours environ),ce qui lui laisse amplement le temps d’endommager des tissus.
De fait, le radon est la deuxième cause, (loin) derrière le tabac, de cancer du poumon avec 10% des décès liés à ce cancer :
Et comme pour tout rayonnement, le risque est proportionnel :
– à la dose reçue
– à la durée d’exposition
Comment le détecter?
La première démarche à faire est d’identifier et d’évaluer le risque.
Dans nos projets de construction ou de rénovation, le risque peut s’exprimer sur :
– la ventilation du logement, surtout si vous construisez ou rénovez des locaux en contact avec le sol ou des zones “sensibles” (caves, sous-sols, …);
– l’utilisation d’eau de sol (nappe, puits) afin de potabilisation.
L’évaluation du risque consiste à déterminer si la zone dans laquelle votre projet se trouve est susceptible d’être génératrice de radon.
En première approximation, vous pouvez vous rendre sur le site de l’IRSN, sur lequel une carte vous donnera un niveau de risque par commune, lié à la nature des sols (les sols granitiques étant généralement les plus chargés en radon) :
Cela étant, l’information donnée ne vous protège pas d’un “accident géologique” qui ferait que votre terrain est exposé malgré une “zone à risque faible”.
L’étape d’affinage consiste alors à mesurer le taux de radon.
Pour le radon présent dans l’air, il existe des appareils de mesure. L’association a fait très récemment l’acquisition d’un détecteur de radon Radon Eye, qu’elle loue aux adhérents pour une somme modique, rendez-vous sur la boutique du site.
Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, faire appel à des organismes spécialisés, comme par exemple l’association la CRIIRAD.
Pour le radon dilué dans l’eau, la seule solution possible est une analyse en laboratoire, que peut aussi réaliser la CRIIRAD.
Les niveaux d’émission du radon s’expriment en becquerels par mètre cube d’air (Bq/m3), ou en becquerels par litre d’eau pour le radon dilué dans l’eau.
Pour le radon dans l’air, quelques ordres de grandeur :
- une valeur moyenne dans les logements 90 Bq/m3, mais avec de grosses disparités (24 Bq/m3 à Paris, 264 Bq/m3 en Lozère!);
- une augmentation des risques induits au dessus de 100 Bq/m3;
- une valeur de référence européenne de 300 Bq/m3, au dessus de laquelle il est nécessaire d’agir pour réduire les concentrations en radon.
ATTENTION, les niveaux d’émission de radon ne sont pas constants dans le temps, sur une zone donnée. Il y a des fluctuations journalières et saisonnières.
Comment s’en protéger?
Une fois le risque identifié, et pour ce qui concerne le radon dans l’air, le principe général consiste à mettre tout en œuvre pour que le radon ne pénètre pas dans les zones de vie.
Les dispositions à prendre peuvent prendre plusieurs formes :
- ventilation avec mise en dépression des locaux sources de radon (cave, sous-sol, …) pour limiter la concentration de celui-ci;
- amélioration de l’étanchéité à l’air des locaux chauffés, pour limiter la pénétration du radon;
- pour les locaux chauffés, choix d’un mode de ventilation ne favorisant pas la migration du radon depuis les espaces non chauffés, ainsi :
- éviter la ventilation simple-flux par extraction, qui met la maison en dépression;
- privilégier la ventilation double flux équilibrée (voire en légère surpression), ou encore la ventilation par insufflation (qui met la maison en surpression);
- écarter les autres systèmes “à risque”, par exemple :
- prévoir un puits canadien hydraulique plutôt qu’un puits aéraulique;
- ne pas potabiliser ou utiliser pour la douche une eau “douteuse”.
Pour en savoir plus…
Le site de l’IRSN
Le site de la CRIIRAD
Le site laradioactivite.com